Quelles sont les besoins des motoristes nautiques en Occitanie?
Non classé - 07.03.23
En Occitanie « la plaisance [maritime et fluviale] est le fer de lance de l’économie bleue », comme l’a dit récemment Didier CODORNIOU premier vice-président de la Région Occitanie et président du Parlement de la Mer. L’entretien des moteurs des 30 000 bateaux de plaisance de notre région demande de nouvelles compétences car ils sont toujours plus performants et moins polluants. Les entreprises chargées de la maintenance nautique recrutent donc régulièrement des mécaniciens et ont besoin que l’offre de formation suivent l’évolution technologique des moteurs de plaisance.
Le Nauti Campus Occitanie a donc lancé une enquête régionale de terrain auprès des professionnels de la maintenance nautique pour identifier leurs besoins en formation. L’offre de formation actuelle en mécanique nautique va du niveau III (CAP et Titre Pro) au niveau IV (Bac), cela répond-t-il aux besoins de la filière?
L’offre de formation actuelle
En plaisance nous avons deux types de motorisations: in-bord et hors-bord. Pour assurer la maintenance de toutes ces motorisations l’offre de formation s’articule autour de deux axes: l’entretient courant d’une part avec le niveau III et la haute technicité d’autre part avec le niveau IV.
Le niveau III:
- CAP Réparation et Entretien de Embarcations de Plaisance (REEP). Ce CAP est proposé en scolaire et en apprentissage dans plusieurs établissements de la Région Occitanie: Rosa Luxemburg à Canet et CFA Albano de Sète.
- Titre Pro Agent de Maintenance de Marine de Plaisance et Titre Pro Mécanicien Réparateur en Marine de Plaisance. Ces Titres pour adultes sont proposés par l’Institut Nautique de Méditerranée (INM) et par le GRETA-CFA.
Les formations au niveau V ont pour objet de former sur les compétences mobilisées pour l’entretien courant des motorisations et des équipements des navires de plaisance fluviale et maritime. Il s’agit de former des personnels polyvalents sur des compétences de base. La durée de formation est de 2 ans pour les jeunes en CAP et d’une année pour les adultes en Titre Pro.
Le niveau IV:
Bac Professionnel Maintenance Nautique
Cette formation vient compléter les compétences accises au niveau inférieur en s’appuyant sur des technologies supérieures. Le diagnostique à l’aide d’outils numériques, l’optimisation des dispositifs et la maintenance des équipements de haute technologie sont au programme. Le référentiel de ce diplôme est en rénovation, comme celui du CAP REEP, avec la Fédération des Industries Nautiques (FIN) pour une entrée en vigueur à la rentrée 2023.
Le Bac MN comporte 3 ans de formation sous statut scolaire ou apprentissage.
La technologie des motorisations en particulier est en pleine évolution pour relever les défis environnementaux et énergétiques. Deux questions se posent donc: l’offre actuelle est-elle suffisante et permettra-t-elle de répondre aux besoin de demain?
Dans ce contexte, le Campus a été mobilisé par son directoire pour mener une enquête auprès des professionnels concernés.
Quelles sont les compétences attendues par la filière?
L’absence de formation au niveau V (Bac +2) pousse le Nauti Campus à interroger les professionnels sur la base des contenus de Formation Complémentaires d’Initiative Locale (FCIL) qui sont proposés sur d’autres territoires comme le Morbihan à Etel au lycée Emile James ou comme dans le Var à Six Fours au Lycée de La Coudoulière.
Ces deux établissements ont fait le choix de dissocier les motorisations hors-bord et in-bord pour construire leurs FCIL planifiées sur 7 à 8 mois de formation. Le public ciblé par ces FCIL est formé des titulaires d’un Bac Maintenance Nautique.
Le campus c’est inspiré de leurs travaux pour écrire le questionnaire. Les questions posées aux professionnels se concentrent sur les 4 axes qui régissent l’activité de maintenance des moteurs de plaisance:
- Accueillir le client et réceptionner l’embarcation ou le moteur
- Effectuer le diagnostique
- Dépanner et maintenir
- Restituer l’embarcation ou le moteur
Les compétences attendues sur les axes 2 et 3 étant déclinées spécifiquement sur les hors-bord d’une part et sur les in-bord d’autre part. L’objet étant de monter en compétence des mécaniciens polyvalents déjà diplômés en nautisme sur les particularités des motorisations.
Les résultats de cette enquête régionale serviront de base pour effectuer des propositions d’évolution de l’offre de formation en Occitanie. L’enquête permettra de qualifier et de quantifier les besoins de la filière.
L’autre enjeu important est de quantifier les tensions régionales sur le métier de mécanicien nautique tant en fluvial qu’en maritime.
Quelles sont les tensions locales sur le métier de mécanicien nautique?
En Région Occitanie de nombreuses offres d’emploi concernent le secteur de la mécanique de plaisance et ne trouvent pas facilement de candidats. A l’occasion de l’enquête, ces offres sont donc comptabilisées sur les différents territoires et de nombreuses entreprises signent des engagements d’embauche, préalable indispensable à l’activation du dispositif régional Innov’Emploi.
Les entreprises visitées sont systématiquement interrogées sur la part de leur effectif spécialisé sur la maintenance des motorisations, sur le nombre de recrutements effectués en 2022 et sur le nombre de départ en retraite dans les années à venir.
L’enquête se poursuit mais à partir des 42 premières entreprises rencontrées, voici les tendances qui se dessinent: Il reste encore des offres d’emploi de mécanicien en souffrance chez 40% d’entre elles et environ 16% des mécaniciens en poste partiront en retraite dans les 10 ans.
Il semble déjà que l’offre de formation doive évoluer pour développer les compétences en haute technicité sur les motorisations et les propulsions. Les nouveaux système de dépollution des moteurs thermiques, les moteurs électriques et leur gestion, les aides à la manœuvrabilité sont autant de nouvelles thématiques à explorer en formation pour soutenir l’évolution de la filière.