La plaisance se mobilise pour l’environnement
Nautisme - 19.07.22
Que faire des bateaux de plaisance en fin de vie?
Une écrasante majorité des bateaux de plaisance construits depuis les années soixante sont en matériaux composites. La durée de vie d’un bateau n’excède que rarement 50 à 60 ans, pour des raison tant techniques qu’esthétiques. La plaisance ne représente que 4% des composites en circulation mais la question des ces ces bateaux hors d’usage se pose ainsi que celle de leur recyclage.
Les partie métalliques, les équipements ou le bois trouve assez facilement une seconde vie, pour les coques et les matériaux composites c’est une autre histoire.
Vers qui se tourner pour faire déconstruire son bateau?
La Fédération des Industries Nautiques a créé un éco-organisme chargé d’apporter des solutions concrètes: l’Association pour une Plaisance Eco Responsable (APER). En Occitanie il existe 2 entreprises agrées à déconstruire les bateaux de plaisance: EPUR et Thubert Environnement.
Les propriétaires de bateaux en fin de vie sont accompagnés dans leurs démarches par l’APER.
La déconstruction et les démarches administratives sont gratuites.
Par contre le transport jusqu’au lieu de traitement reste à la charge du propriétaire. Cela peut être un frein à une bonne pratique, notamment pour les grands bateaux.
Les entreprises agrées déconstruisent, trient et valorisent un maximum des déchets issus de ces bateaux de plaisance hors d’usage (BPHU).
Comment recycler les matériaux composites?
Il existe plusieurs solutions pour valoriser les déchets composites: le recyclage mécanique, thermique ou chimique ou encore la valorisation énergétique.
Le recyclage mécanique par broyeur est le plus économique. Les broyats sont valorisés comme charge de thermoplastiques dans le bâtiment, l’automobile ou le géni civil
Le recyclage thermique par pyrolyse qui a pour but de séparer les renforts (fibres) de la matrice (résines). Les fibres, à l’exception du carbone, perdrons 50% de leur résistance mécanique
Le recyclage chimique par solvolyse qui a pour but de décomposer la matrice afin de réemployer les renforts.
Là aussi près de 65% de perte de résistance à la traction après traitement
La valorisation énergétique comme combustible en cimenterie ou centre d’incinération des ordures ménagères.
Les rejets atmosphériques des produits de la combustion sont alors contraignants
l’ADEME vient de publier un guide du recyclage et de l’écoconception des composites.
Ce guide comporte en page 12 un tableau comparatif des différentes techniques de recyclage possibles pour les matériaux composites
Une autre piste pour les bateaux en fin de vie c’est le réemploi plutôt que la déconstruction.
Comment réemployer les bateaux hors d’usage?
La mode des hébergements insolites est une source d’inspiration pour certaines entreprises qui voient là une manière vertueuse de faire des économies dans la fabrication et d’offrir une seconde vie à ces bateaux. C’est le cas de la société Bathô: un chantier naval insolite.
C’est aussi l’occasion d’utiliser des matériaux plus respectueux de l’environnement lors de la conception et la réalisation des ces habitats insolites que ceux qui avaient été employés lors de la construction des bateaux dans les années soixante-dix.
Les bateaux de plaisance moderne sont eux aussi éco-conçus, leur conception et leur fabrication tient compte de leur future déconstruction et cherche à minimiser l’impact environnemental de la construction comme de l’utilisation du navire.
Quel est l’avantage d’une éco-conception des bateaux de plaisance?
Les bureaux d’étude des constructeurs de bateaux de plaisance prennent de plus en plus en compte la dimension environnementale de la navigation de plaisance. C’est une activité de pleine nature qui doit respecter l’environnement pour se perpétuer et se développer. De très nombreuses pistes sont exploitées: trie et recyclage des déchets de la construction, maitrise du devis de masse du bateau, emploi de matériaux éco-responsables, développement des motorisations décarbonées, meilleur gestion de l’énergie à bord,…
Construire des bateaux plus légers c’est dépenser moins d’énergie pour les faire avancer et donc limiter les rejets. C’est un axe fort dans la conception des catamarans de plaisance qui sont construits en Occitanie.
Que ce soit les chantiers Catana, Windelo ou Outremer; tous essaient d’allier confort, légèreté et performance. Mais les avancées ne concernent pas que la masse de ces bateaux, le matériaux employés ont eux aussi beaucoup évolués pour faciliter le recyclage.
Quels sont les choix éco-responsables fait en nautisme?
Initier une démarche vertueuse impose une analyse de la totalité du cycle de vie du bateau sur la base de critères quantitatifs. Il faut faire un inventaire des flux entrants (énergies, matières premières…) et sortants (déchets, CO2, durabilité des matériaux…) de la construction à la déconstruction. C’est donc une analyse complexe qui va induire des compromis.
Il existe plusieurs solutions pour élaborer un matériau composite: les renforts en fibres de verre et de carbone ou en fibres végétales; les matrices biosourcées l’ABS, les résines polyester ou époxy.
Les impacts utilisés sont des indicateurs comme le réchauffement climatique, l’acidification, et la formation d’ozone
photochimique. Mais aussi l’utilisation des ressources fossiles, et des ressources naturelles (eau, sols) pour la construction, le transport et l’utilisation du bateau.
Comment se tourner vers des matériaux plus vertueux?
Nous l’avons vu, certaines fibres vont perdre beaucoup de leur qualités mécanique à l’issu du recyclage. C’est pourquoi les chantiers vont privilégier les renforts en basalte à l’image du chantier Windelo. Ce type de fibre présente aussi l’avantage de ne pas être produit à partir de pétrole, contrairement à la fibre de carbone.
Le recyclage par pyrolyse des renforts en basalte sera possible en fin de vie du bateau.
La mise en œuvre renforts non pétrosourcées comme la fibre de lin est une voie choisie par le chantier Outremer et Roland Jourdain pour un bateau expérimental dont 50% des renforts sont en lin.
Les catamarans doivent être légers pour exploiter le moindre souffle d’air et c’est l’une des raison qui pousse à utiliser des matériaux composites sandwichs avec un âme en mousse légère entre deux couche de fibre.
A la place des traditionnelles mousses en PVC, le chantier Windelo utilise une mousse en PET à base de bouteilles d’eau recyclées. Utiliser un matériau recyclé dans les flux entrants permet de minorer l’impact environnemental de la construction.
Comment limiter l’impact de l’utilisation du bateau sur le milieu naturel?
Nous l’avons vu, il faut concevoir des bateaux légers pour favoriser la navigation décarbonée à la voile ou à l’électrique. Mais il faut aussi limiter les rejets organiques ou chimiques dans le milieu naturel.
C’est la raison d’être de cette innovation du chantier Catana: une mini centrale de traitement des eaux usées du bord.
Un ensemble de bioréacteur et de filtres permet de traiter les eaux avant rejet en mer. Moins de produits chimiques et de déchets organiques sont rejetés dans le milieu naturel.
Le recours à l’hydrogénération, à la motorisation électrique ou le développement des panneaux solaires sont autant de démarches vertueuses sur le plan environnemental.
Les chantiers constructeurs de bateaux de plaisance proposent de plus en plus de solutions éco-responsables à leurs clients. C’est le cas par exemple du chantier fluvial Nicol’s qui propose des bateaux à propulsion électrique.
Matériaux, gestion énergétique, maîtrise des rejets, motorisation…
La filière nautique, même si elle ne représente que 4% des composites à recycler en France, loin derrière l’automobile ou le bâtiment, agit pour l’environnement. C’est une volonté des clients mais aussi une logique incontournable pour cette économie de plaine nature. Pour préserver le plaisir de naviguer sur mer et sur les voies intérieures il faut protéger l’environnement.